» Le premier à demander pardon est le plus brave ; le premier à pardonner est le plus fort ; le premier à oublier est le plus heureux. » – A.I
Quand j’étais enfant, on m’appelait schtroumpf grincheux. Chaque fois que quelqu’un était méchant avec moi, je boudeais pendant des heures, voire des jours. Cela est devenu assez fastidieux avec le temps, d’autant plus que dès que je retrouvais le sourire, un nouvel événement me faisait bouder à nouveau. J’avais tout simplement du mal à pardonner aux gens. Aussi, j’avais du mal à admettre que quelque chose était de ma faute. Du moins à haute voix. Au fond de moi, je me blâmais, mais je n’arrivais tout simplement pas à formuler la phrase: « Je suis désolé ».
En prenant de l’âge, j’ai réalisé que personne n’aimait le « schtroumpf grincheux » et que ces longues journées où je boudais devaient être raccourcies un peu si je voulais garder des amis, mais pour être honnête, m’excuser était toujours un vrai défi. De plus, même si j’étais heureux en surface, de nombreux jours, j’avais juste le moral à zéro. Mais devinez qui a le plus souffert de cela?
Ce n’est que lorsque j’ai eu des enfants que je suis vraiment sorti de cet état d’esprit extrêmement négatif.
Tout d’un coup, je n’avais plus le temps de bouder. Les couches devaient être changées, les biberons chauffés, et le sommeil n’en parlons même pas! …. Le sommeil, cette chose merveilleuse que nous tenons tous pour acquise avant d’avoir des enfants, devrait être plus apprécié avant!
Non seulement je n’avais plus le temps de bouder, mais j’ai également réalisé que pour que nous, les parents, puissions survivre mentalement à cette phase, nous devions être capables de communiquer rapidement, honnêtement et rationnellement. J’ai dû commencer à prendre des décisions sans hésitation, à faire des erreurs tout le temps.
À ce stade, la vie de mon bébé dépendait de mon comportement. Il ne s’agissait plus seulement de moi. Et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’on pouvait se mettre en colère et arrêter d’un coup d’être en colère, tant que vous y mettez du vôtre. C’était à moi seul de décider comment je voulais me sentir à l’intérieur.
Et, quand je faisais du mal à une autre personne, il y avait un sentiment libérateur de lui dire que j’étais désolé. Je voulais vraiment passer à autre chose.
D’accord, alors il m’a fallu 30 ans pour m’en rendre compte? Bien sûr que non. Les enfants apprennent à s’excuser à un très jeune âge. Et moi aussi j’ai appris. Mais pour le comprendre intrinsèquement, pour le ressentir vraiment et complètement, oui, cela m’a pris un certain temps. De plus, j’ai fait une nouvelle découverte sur le pardon: un nouveau monde sans culpabilité.
J’ai pu le constater autour de moi, dans différentes relations, en privé et au travail. Même dans les séances de thérapie, nous ne discutons pareil. Encore et encore, on nous dit que ce n’est pas de notre faute, et que nous ne sommes pas à blâmer. Donc, nous ne nous permettons plus d’admettre que nous faisons mal les choses. C’est comme si la culpabilité est quelque chose d’interdit et de dangereux.
Nous utilisons des excuses telles que « Je ne suis qu’un humain ». Personne ne fait plus rien de mal, et tout d’un coup, tout est permis! Est-ce sage? Ne serait-il pas préférable que nous soyons honnêtes et que nous prenions la responsabilité de nos actes, at ainsi nous excuser?
Et dire des phrases comme: « Oui, j’étais infidèle et c’est entièrement de ma faute » ou « J’ai encore oublié ton anniversaire parce que j’ai du mal à me souvenir des anniversaires. »
Et si nous admettions honnêtement et ouvertement nos lacunes, puis demandions pardon et essayions de nous améliorer?
Il y a une sensation de libération dans les mots « pardonne-moi ».
Et peut-être que nous manquons cette expérience si tout est soudainement permis. Ne devrions-nous pas créer un monde où nous admettons ne pas être parfaits?
Tout d’abord, pour notre propre bien, mais aussi pour la personne à qui nous avons fait du mal. Peut-être devrions-nous nous permettre de reconnaître que nous faisons parfois des mauvais choix, d’admettre nos défauts et d’embrasser notre imperfection.
C’est lorsque nous admettons nos lacunes et que nous demandons ensuite pardon que la guérison peut commencer.
Peut-être que la culpabilité admise est un don qui mène au développement personnel et à la paix. Peut-être que lorsque nous confessons et demandons pardon, nous grandissons aussi un peu plus dans le processus.
C’est compliqué de demander pardon, c’est un geste délicat, en équilibre entre raideur orgueilleuse et contribution larmoyante. Mais si l’on n’arrive pas à s’ouvrir à l’autre en toute honnêteté, toutes les excuses peuvent paraître fausses et creuses.