Julie Latour
On ne sait jamais quand la vie est sur le point de changer pour toujours. Vous vous réveillez un jour ordinaire sans savoir que quelque chose de très important est sur le point de se produire. Ou vous prenez une décision, qui semble n’être qu’une parmi tant d’autres, et elle change définitivement le cours de votre histoire.
On ne sait jamais si la journée qui a commencé en souriant finira par pleuvoir en larmes, ou si la semaine qui a commencé sous un ciel sombre se terminera par un vendredi ensoleillé.
La vie ne nous offre aucune garantie, aucune certitude, aucune sécurité. C’est précisément cette incertitude qui la rend si extraordinaire, car elle est porteuse de surprises.
J’ai récemment lu une phrase qui disait : « Les jours les plus heureux sont ceux où il y a le moins de projets à l’ordre du jour. » Cela m’a fait réaliser que le bonheur aime surprendre. Il se glisse dans les moments inattendus, se cache entre les lignes de la routine, et se révèle parfois au crépuscule d’une journée de farniente.
Le bonheur n’annonce pas sa venue, ni ne déclare que le moment présent sera inoubliable.
Nous prenons rarement conscience que nous vivons un moment rempli d’éternité. Cette réalisation ne nous vient que plus tard, lorsque nous revisitions ce moment au cours de nuits emplies de nostalgie et de poésie.
Je me souviens d’une fête mémorable de mes années universitaires. Un jour, notre journée a été annulée en raison d’un problème. Ce même après-midi, nous avons organisé l’une des meilleures fêtes de notre classe. Assis sur des bancs dans une arrière-cour, nous avons célébré la vie et trinqué à notre amitié.
Sans plans, sans règles ni restrictions, nous avons laissé le bonheur s’épanouir. À l’époque, nous ne le savions pas, mais la vie était sur le point de changer pour toujours. Alors que nous prenions des photos avec nos appareils photo à pellicule et que nous jurions de ne jamais nous séparer, l’éternité scellait notre rencontre. Aujourd’hui, chacun de ceux qui étaient présents ce jour-là fait face à ses propres défis.
Le bonheur se dévoile aux âmes insouciantes, un privilège pour ceux qui voguent sans culpabilité ni contraintes dans leur emploi du temps.
C’est un pacte avec la simplicité, un rejet des choses futiles, et il s’accompagne d’après-midi doux de printemps, de notes manuscrites, de chaises disposées sur le trottoir, et de l’arôme alléchant d’un gâteau sorti du four.
Nous ne pouvons jamais prédire et on ne sait jamais quand la vie prendra un tournant décisif.
Nous ne pouvons pas toujours dire au revoir à ceux que nous aimons, aux rues où nous avons joué, ou aux saveurs que nous avons goûtées. Parfois, nous ne sommes pas conscients que c’est la dernière fois, et nous ne prenons pas le temps de vénérer ces moments précieux.
Il faut laisser nos peurs s’estomper en douceur, la culpabilité disparaître progressivement, et la douleur se dissiper peu à peu. Alors seulement, nous serons prêts à accueillir le bonheur, à être surpris par lui.
À ce moment-là, nous serons prêts à accepter que la vie change pour toujours, nous emmenant dans une nouvelle aventure remplie de moments de joie, d’éternité fugace, et d’appréhension du temps qui passe.
