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L’aberration New-Age ou comment la génération indigo s’empare de la spiritualité
Nous avons voulu publier cet article en toute transparence, bien que nous ne soyons pas d’accord avec le contenu de cet article et surtout nous pensons que nous sommes tous investis d’une mission et que comme tout mouvement le New-age a ses bons et ses mauvais cotés.
Par Ganji Anankea
Ce qui m’a toujours beaucoup amusé dans la mouvance New-Age c’est que les individus qui la composent ne se qualifient pas comme tel. Inconscience ? Honte ? Il est vrai que ce mouvement pseudo-spirituel est bien souvent perçu comme une grande foire aux illuminés et charlatans.
Généralement, le pratiquant ou aspirant New-Age est convaincu dès son plus jeune âge qu’il est différent, exceptionnel, unique, ce qui ne l’empêche pourtant pas de se fondre avec plaisir dans la masse New-Age en adoptant son jargon et ses croyances, embrassant le tout avec jubilation et force naïveté.
Car au fil du temps, ce mouvement a conquis le cœur de milliers d’âmes en perte de repères, mais surtout, en quête de sensationnel, et ce petit microcosme a fini par développer sa propre cosmogonie riche de nombreux mythes et concepts communément admis (dont le nombre s’accroît à vue d’œil). De sorte que si vous évoquez la possibilité que votre enfant soit doué d’une sensibilité particulière, l’adepte aguerri vous expliquera aussitôt qu’il est probablement un enfant Indigo* envoyé pour faire évoluer l’humanité. Parmi le palmarès des plus grands succès New-Age, nous pouvons également citer les concepts de synchronicité*, de moment présent*, le pouvoir de l’intention*, les formes-pensées*, les égrégores*, la mission de l’âme*, l’acceptation, le lâcher prise et le non jugement. Nous verrons plus bas comment ces concepts nourrissent la soif de pouvoir, la mythomanie, le sentiment de toute puissance, le rejet de la réalité, et encouragent l’acceptation de l’inacceptable, la passivité et le laxisme. Car il est gai notre New-Ager, il est « positif », convaincu que la pensée positive est la seule capable de sauver l’humanité du chaos, de l’ignorance et accessoirement, de la morosité. D’ailleurs, il ne remet jamais en question la cause New-Age par excellence : sauver l’humanité. Et c’est naturellement à lui, l’être conscient, l’être choisi, l’être supérieur en somme, qu’incombe la dure tâche de montrer la voie.
Depuis 2011 que je m’intéresse à ce mouvement hétéroclite, j’ai eu tout le loisir d’en observer et d’en comprendre les aspects divers et variés mais aussi et surtout, ses projets plus ou moins inavoués.
Ce qui définit avant toute chose l’adepte de cette tendance néo-spirituelle de l’ère du Verseau*, c’est sa conviction inébranlable que nous vivons un tournant dans l’histoire : l’humanité serait en effet entrée dans une ère de progrès et d’évolution hautement active, conférant à certains êtres humains des pouvoirs extraordinaires, des facultés paranormales. Il va sans dire qu’il se considère comme faisant partie de cette humanité sur-évoluée, preuve en est qu’il a su reconnaître et se rallier au mouvement New-Age, car il est, rappelons-le, depuis toujours « différent » des autres, et possède des facultés extrasensibles qui en attestent. Selon les spécificités de chacun, nous retrouvons cet activiste tantôt dans le milieu des thérapies alternatives (dont le nombre semble pouvoir s’accroître à l’infini), tantôt dans le secteur néo-chamanique, la magie blanche, les communautés bouddhistes (ou autres religions orientales), l’occultisme, la divination (tarot, pendule, numérologie…), l’agriculture (permaculture et autres), les arts (danse, sculpture, artisanat…), et même parmi les chercheurs en civilisations exceptionnelles (disparues ou extraterrestres).
Le plus souvent, le New-Ager a conscience qu’il doit se former s’il veut devenir crédible. Il entreprend alors une formation auprès d’une autorité reconnue de tous: un chamane shipibo exilé dans le Poitou, un conférencier Feng Shui, un maître Reiki, un yogi renommé… Il accumule les découvertes à consonance spirituelle exotique en participant à divers ateliers : cérémonie du thé Zen, confection de tambour ethnique, tente de sudation… dans ce domaine il n’a que l’embarras du choix. C’est ce que notre jeune initié appelle « travailler à son évolution spirituelle», mêlant l’utile à l’agréable et confondant aisément l’ambition professionnelle avec la connaissance de soi. Cet amalgame commode lui permettra ultérieurement de s’autoproclamer lui-même une autorité dans le domaine de la guérison ou de l’éveil spirituel. Pour parvenir à leur fin, les plus ambitieux et téméraires d’entre eux choisissent parfois l’itinérance et partent butiner quelques techniques à droite et à gauche chez tel « ambassadeur de la Lumière » prisé du moment, tel maître ascensionné, dans un temple shaolin provençal ou encore, chez le dernier des Mohicans. Certains diraient qu’il s’agit là d’une sorte de compagnonnage moderne, comme on partait jadis sur les routes de France pour se former auprès de maîtres-ouvriers. Mais à l’époque il était surtout question d’apprendre des techniques ouvrières et artisanales nationales, rien à voir donc avec cet univers ethno-folklorique d’apprentis sorciers atteints du syndrome de Peter Pan.
Acquérir de « supers pouvoirs », devenir un être de lumière, communiquer avec les anciens pharaons, les anges ou encore avec les entités extraterrestres, découvrir la félicité éternelle et incarner auprès de tous cet idéal, trouver sa mission de vie, devenir « passeur d’âme », supprimer la dualité du bien et du mal, forment quelques unes des obsessions dont nous abreuvent jusqu’à plus soif nos chers travailleurs de la lumière. Le monde est beau, tout est bien, la lumière peut tout, sont des positions éminemment pertinentes qui nous éclairent et nous rassurent quant à la situation géopolitique mondiale. Ouf ! Nous sommes sauvés ! Mais derrière cette pléthore de « bonnes intentions », se dissimule à peine le motif réel, bien moins louable certes mais si désespérément humain : la quête de pouvoir. Le mouvement New-age serait-il une jolie devanture pour couvrir des activités qui relèvent bien plus de la manipulation énergétique, autrement dit de la sorcellerie, que de l’altruisme ?
Car de quoi parle-t-on lorsqu’il s’agit d’apprendre à manipuler les énergies ? La manipulation des énergies personnelles, de l’univers, des autres, des objets… est au centre de cette idéologie douteuse. La plupart des personnes qui prétendent utiliser les énergies pour guérir ou qui disent canaliser des esprits angéliques ne savent en fait absolument pas ce qu’elles font. De quelles énergies s’agit-il au juste ? De quelles entités ? Quels effets sur les autres ou sur elles ? Quels pactes sont-elles en train de contracter et avec qui lorsqu’elles utilisent leurs dits « pouvoirs » extrasensoriels ? Il est absolument impossible de répondre si le prétendant n’a pas auparavant embrassé la voie de la connaissance de soi et ne s’est jamais confronté à la réalité occulte de notre monde. Dans la société New-age, c’est l’égo qui va au-devant du pouvoir et non l’âme, comme on se plaît à le penser. L’âme ne cherche pas à subjuguer l’autre, à le transformer ou encore à le faire aller vers la lumière, discours que je n’ai que trop entendu. L’âme n’a aucune soif ni nécessité de pouvoir, et encore moins sur l’autre. Elle est porteuse d’un monde riche de valeurs qui se suffit à lui-même mais que trop peu se décident à rencontrer (réellement) tant il peut paraître austère pour les jouisseurs que nous sommes.
Ainsi la liste des pratiques et des grands prophètes du mouvement ne cesse de s’allonger. Cette idéologie s’est parfaitement implantée aux quatre coins de la planète car – et oui ! – elle a d’ores et déjà commencé à gangrener les continents initialement réfractaires comme l’Afrique. Le mouvement New-age a globalement rempli ses objectifs : absorber, digérer et synthétiser les croyances locales, en une pensée unique au jargon de plus en plus caractérisé et identifiable, et en affichant en toute circonstance une attitude auto-satisfaite et résolument positive.
Aux origines de ce syncrétisme, nous déterrons les ossements de Madame Blawatski et de sa si célèbre société théosophique. Si theos signifie Dieu ou divinité en grec ancien, notre New-ager contemporain n’a que faire de Dieu puisqu’il se suffit à lui-même. Tantôt « indigo » tantôt de blanc vêtu (couleur universellement admise par le mouvement), mais toujours et inconditionnellement empli de lumière. Cette fameuse lumière qui revient décidément dans toutes les bouches, n’est pas sans rappeler la lux de Lucifer, l’ange déchu porteur de lumière qui se prend pour le seul et unique Dieu. Ce mythe, ce complexe, est la caractéristique de tous les êtres humains qui à travers les époques ont vainement cherché le pouvoir absolu et l’instauration d’une nouvelle ère. Je citerai parmi les plus célèbres les empereurs romains, Alexandre le Grand, Jules César, Louis XIV, Napoléon et plus proche de nous, Adolphe Hitler. Celui-ci prônait l’édification d’un nouvel empire, une nouvelle terre, une nouvelle race. L’Aryen définissait cette élite aristocratique, l’espèce supérieure qui devait régner pour les siècles à venir. Nous retrouvons les mêmes codes de langage (dans la limite des ressemblances), les mêmes mythes, les mêmes projets de gouvernance mondiale dans la mouvance New-Age.
Car l’esprit New-Age est aussi un projet politique ; l’accessoire incontournable du nouvel ordre mondial (que je nomme l’Empire du Serpent Noir) pour abrutir les masses, via cette fameuse intelligentsia cultivée et éminemment parfaite. Par son action médiatique (TV, internet, presse, livres, journaux…), tout individu assoiffé de spiritualité et de vérité, si sincère soit-il, doit périr, absorbé par ce courant castrateur. Tout esprit de révolte doit être jugulé et anéanti au profit du positivisme absolu, de la joie cosmique et… de la totale impunité politique de ce nouvel ordre mondial.
Il paraît évident que le mouvement New-Age n’a strictement rien à voir avec un authentique esprit de recherche. La connaissance de soi ne peut être et ne sera jamais la somme de savoirs, formations, lectures et autres bidouilles, mais le fruit d’un authentique travail de plongée en soi et de découverte de notre monde intérieur. Non, la Connaissance n’est pas la norme de ce mouvement. L’humilité non plus apparemment : je ne compte plus le nombre d’écrits qui donnent le Divin pour acquis à ces bateleurs. Alors que l’initié se bat, affronte ses démons et se dépouille sa vie durant pour accéder à une forme de sainteté, le New-ager n’a qu’à en formuler le souhait. Il est visiblement question de propagande universaliste, d’uniformisation des esprits et de manipulation des masses. Nous sommes bien loin d’un St Jean de la Croix, d’une Thérèse d’Avila, d’un Ramakrishna ou même de Bouddha qui, je le rappelle, a vécu des années d’austérité éprouvante avant d’atteindre l’Éveil.
Le Nouvel Age s’octroie l’accès à l’Illumination et à la lumière sans recours aucun à un sérieux travail préalable, il y a droit, un point c’est tout ! L’Ici et maintenant est une exigence violemment vitale pour tout apprenti sorcier. Rappelons les mots d’ordre de ce mouvement : l’acceptation de soi, apprendre à s’aimer, lâcher prise, ne pas juger… Autant d’injonctions évidentes à l’inertie spirituelle (et intellectuelle). Car la spiritualité naît justement de la remise en question de soi, de notre conditionnement personnel et de tout le reste, la non-acceptation est la base de ce mouvement intérieur qui bouscule notre vision consensuelle et tout confort de la vie, et nous dépouille de nos acquis. Ce que le fast-food est à notre nouvelle tendance gastronomique urbaine, le New-age l’est à notre spiritualité moderne, grotesque parodie, vulgaire philosophie de vie du citadin oisif et auto-satisfait. Dés lors, pour être à la hauteur de ce qu’il ambitionne, le New-ager a recours a une arme redoutable : la mythomanie. On ne compte plus le nombre de méthodes scandaleuses surgies ces 30 dernières années qui s’autoproclament thérapies alternatives alors qu’elles ne font que recourir à des techniques de visualisation et d’auto persuasion. Nul besoin d’incarner ce que l’on prétend être, nul besoin de guérir authentiquement, il suffit de s’en convaincre. Lamentable comédie.
L’île aux enfants n’est plus ce qu’elle était, un instant de paix et de joyeuse insouciance au milieu de notre terrible réalité politico-économique, l’île aux enfants est devenue une doctrine fascisante, le dictat de la happy attitude, qui compte bien éradiquer tout esprit critique afin de laisser faire nos politiques et les aristocrates de ce monde, les laisser œuvrer en paix à notre place. Alors, mes frères, lâchez prise et goûtez au Prana ici et maintenant, il suffit d’y croire, le monde de la lumière vous donnera toute puissance et bonheur éternel ! Il vous rendra en tous cas assurément aveugles, programmables et influençables à souhait.
À cette grotesque vision de la vie je préfère l’esprit critique, la lucidité et l’humilité qu’exige toute démarche authentiquement spirituelle. Car la connaissance de soi et par extenso des forces qui régissent le monde ne se donne qu’à celui ou celle qui a le courage de rejeter autosatisfaction, ainsi que toute idée reçue et tout confort intellectuel etc…
Chers amis, je terminerais en ajoutant qu’il est tout à fait honorable de vouloir la paix dans ce monde mais vous connaissez ce vieil adage : « l’enfer est pavé de bonnes intentions », et bien souvent la sagesse populaire vaut bien la sagesse de Maitreya*. Donc, pour les 10 000 ans à venir, soyez heureux mais surtout soyez lucides et gardez les pieds sur terre.
Ganji – Iurikan – Iorineka
www.tarot-ganji-medium
Petit lexique à l’usage de l’initié :
*Enfant indigo est une expression pseudo-scientifique et ésotérique issue de la pensée New-Age et plus spécifiquement portée par le kryonisme de Lee Carroll. Cette expression désigne une catégorie nouvelle et imaginaire d’enfants qui seraient apparus pour sauver le monde. La couleur indigo fait référence au 6ème chakra, le chakra couronne qui serait le plus élevé de tous car le plus en contact avec le Ciel. Son ouverture donnerait accès à des facultés paranormales telle que la médiumnité, la voyance, le contact avec des entités célestes.
*Synchronicité : Dans la psychologie analytique développée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, la synchronicité est l’occurrence simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l’association prend un sens pour la personne qui les perçoit.
*Moment présent : Croyance qui attribue au moment présent le pouvoir de faire fusionner l’individu avec son être profond, sa nature originelle, générant ainsi un sentiment de plénitude, de paix et de joie absolus. Cet état est considéré comme notre état naturel, originel, notre nature première et éternelle. Être dans le moment présent c’est dissoudre le pouvoir du mental (égo), désigné comme le principal détracteur de notre équilibre.
*Un égrégore est dans l’ésotérisme un concept désignant un esprit de groupe influencé par les désirs communs de plusieurs individus unis dans un but bien défini. Cette force a besoin d’être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis.
Pour Stanislas de Guaita, le terme désigne l’idée de la « personnification » de forces physiques ou psychophysiques non surnaturelles. Le mot est souvent aussi synonyme de forme-pensée.
Robert Amberlain définit le terme comme « une force engendrée par un puissant courant spirituel et alimentée ensuite à intervalles réguliers, selon un rythme en harmonie avec la Vie universelle du Cosmos, ou à une réunion d’entités unies par un caractère commun. Dans l’invisible hors de la perception physique de l’homme, existent des êtres artificiels, engendrés par la dévotion, l’enthousiasme, le fanatisme, qu’on nomme des égrégores. »
*Une Forme-Pensée est en quelque sorte un « égrégore individuel » qui cette fois, n’est généré que par la pensée d’un seul individu. Une Forme-Pensée est la matérialisation d’une pensée émise, que l’on transmet ou dispose dans un emplacement spatio-temporel spécifique à sa « personnalité ».
*Pouvoir de l’intention : Courant qui considère que nous sommes ce que nous créons. Nos pensées décident de tout. Ainsi, si nous voulons changer le cours de notre existence en notre faveur, il faut émettre des intentions puissantes et ciblées. Plus l’individu concentre d’énergie, de détermination dans ses intentions, plus il favorise leur concrétisation dans le réel. Il crée des « formes-pensées » à son avantage.
*La mission de l’âme est une théorie selon laquelle chacun d’entre nous est né pour accomplir une action particulière en faveur de l’humanité et de l’évolution de tous. La mission de l’âme vue dans ce contexte est forcément quelque chose de positif, d’humaniste et de valorisant pour l’individu.
*Ère du Verseau : C’est à la fin du XVIIIe siècle, en France, que fut d’abord développée cette théorie, chez Delaulnaye, Volney, Dupuis, dans L’Origine de tous les Cultes. L’Ère du Verseau est censée être caractérisée par l’importance du progrès, de la pensée scientifique, de la liberté, de la raison critique.
*Maitreya : mot sanskrit signifiant « amical », « bienveillant ». Le Maitreya est un Mahabodhisattva qui serait le prochain Bouddha à venir lorsque le Dharma, l’enseignement du Bouddha Shakyamuni aura disparu. Ce terme est totalement emprunté à la tradition orientale et est devenu dans l’acceptation New-Age une sorte de messie porteur de Lumière, que certains adeptes se flattent d’incarner.
Auteur :Ganji Anankea pour Conscience et éveil spirituel
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